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Comment j’ai…fait face aux conséquences d’un incendie

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Publié le 20/11/2025
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La pharmacie de Mouleydier a subi des flammes dévastatrices en février. Installé dans ce bourg de Dordogne depuis 28 ans, Jean-Christophe Grenier, le titulaire de cette officine de près de 3 millions d’euros de chiffre d’affaires a dû retrousser ses manches pour dialoguer avec les assureurs. Et rouvrir au plus vite.

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Crédit photo : DR

« Dans la nuit du samedi 22 au dimanche 23 février, ma pharmacie a entièrement brûlé. Au matin, je suis allé déposer plainte à la gendarmerie puis j’ai contacté l’assurance. La compagnie a envoyé une société de gardiennage et quelques jours plus tard une autre entreprise pour bloquer les portes et fenêtres de l’officine avec des planches. Il fallait éviter que quelqu’un rentre et se blesse car, dans ce cas, c’est moi qui aurais été responsable. Une entreprise a ensuite été mandatée pour déblayer les lieux, y compris des médicaments.

Au départ l’expert de l’assurance de la pharmacie et celui des murs dans une SCI dont je suis actionnaire à 50%, étaient en désaccord sur l’origine du feu. Des experts incendie ont donc été missionnés. Ils ont établi qu’il s’agissait d’un acte criminel. Mon assurance m’a conseillé de prendre « un expert d’assuré » (N.D.L.R. autrement appelé « expert sinistre » ou « contre-expert »). C’est important : ils jouent une sorte de rôle d’avocat entre la compagnie et l’assuré. En fait, dès le dimanche matin, devant la pharmacie deux d’entre eux avaient donné leur carte à mon épouse. Ma compagnie m’a orienté vers un cabinet, et un ami assureur m’en a recommandé un autre à qui j’ai fait appel. C’est mon assurance qui a financé ce service.

Rapidement, de nombreux rendez-vous ont été organisés avec les experts et les assureurs. De son côté, bienveillante, la mairie du village m’a proposé un local - finalement non conforme selon l’ARS- puis une installation sur une place du village. Un architecte mandaté par l’assureur a coordonné tout le chantier pour une pharmacie dans des structures modulaires : aménagement intérieur, téléphone, eau, électricité… Il a établi un planning des interventions et prévu la réouverture le 10 juin. Et on a pu rouvrir à cette date.

Entre-temps, il a fallu penser à l’informatique. Heureusement, on a pu récupérer l’un des deux disques durs du serveur, une des rares choses qui ait échappé aux flammes. Ainsi on a rouvert avec toutes nos données. En fait, il vaut mieux externaliser les sauvegardes dans un cloud. Et ce, y compris pour l’alarme. Le disque dur était dans mon bureau, il a cramé, donc nous n’avions aucune preuve vidéo. De même, la plupart des factures avaient brûlé. J’ai dû appeler les fournisseurs pour qu’on me les renvoie. Or aujourd’hui, avec une solution comme Digipharmacie, on peut stocker toutes les factures. Nous l’avions déjà mais nous ne l’avions pas bien développée.

En tant qu’adhérent à la FSPF, j’ai reçu environ 1 000 euros d’aide. Et quand j’ai rouvert, un pharmacien actif à la caisse de retraite, m’a contacté pour m’informer que la CAVP pouvait m’octroyer une aide à titre personnel. J’ai suivi la démarche et reçu 15 000 euros.

Quant à l’équipe, choquée, venue dès le matin de l’incendie, elle a été au chômage technique. Pour rester en contact, on a créé un groupe WhatsApp et fait quelques réunions chez moi. Concernant leur rémunération, ce fut compliqué. Au début, l’assurance a tout pris en charge puis elle s’est peu à peu désengagée en repassant « le bébé » à la Direction du travail. Pour l’instant, les salariés sont payés à environ 70% par l’assurance et le reste par moi. Au printemps, je leur ai proposé de se retrouver à la pharmacie pendant une semaine avant la réouverture. On a tout remis à flot, tout racheté (stylo, agrafeuse, classeur, papier toilette…) et passé quelques commandes. Maintenant, va suivre la phase de reconstruction. Le permis est déposé. Il nous faudrait réintégrer les lieux en juillet car mon contrat d’assurance prévoit une prise en charge de la perte d’exploitation pendant seulement 18 mois. »

Propos recueillis par Fabienne Colin

Source : Le Quotidien du Pharmacien