La société française de pédiatrie alerte sur la « couverture insuffisante » en ville des nourrissons qui connaissent leur première saison d’exposition à la bronchiolite. Seuls 46 % des bébés pouvant bénéficier de l’immunisation de rattrapage avec Beyfortus n’ont pas reçu la dose d’anticorps monoclonal.
L’épidémie de bronchiolite est de retour. En Île-de-France, elle est passée en phase épidémique, tandis qu’en Normandie, elle est en phase pré-épidémique depuis quatre semaines, selon le bulletin du 5 novembre de Santé Publique France. « Il est impossible de prédire l’ampleur de cette épidémie tant sont impliqués de facteurs : le type de virus, sa virulence, le taux de protection des enfants…, estime Christèle Gras-Le Guen, porte-parole de la Société française de pédiatrie. Mais les deux dernières saisons, nous avons réussi à diminuer considérablement le nombre de passages en urgence et d’hospitalisations en réanimation grâce à la campagne d’immunisation avec nirsevimab (Beyfortus). Nous ne souhaitons pas revenir en arrière. »
C’est pourquoi la Société française de pédiatrie (SFP) alerte aujourd’hui sur « la couverture insuffisante » en ville des nourrissons qui connaissent leur première saison d'exposition au virus respiratoire syncytial. D’après le nombre de doses distribuées en pharmacie, seuls 46 % des bébés pouvant bénéficier de l’immunisation de rattrapage en ville ont reçu la dose d’anticorps monoclonal. Il s’agit des nourrissons nés entre le 1er février et le 31 août 2025, dont la mère n’a pas été vaccinée par Abrysvo et qui n’ont pas bénéficié de la campagne d’immunisation avec Beyfortus dans les maternités, lancée au 1er septembre dernier. « Plus de la moitié de ces enfants ne l’ont pas été. Or, cet anticorps étant efficace immédiatement, c’est en début de circulation du virus qu’il faut l’administrer ».
Comment expliquer cette faible couverture ? « L’an dernier, nous avons beaucoup communiqué en raison du manque de doses à disposition, explique la chef du service pédiatrie du CHU de Nantes. Moins cette année. Les doses sont en stocks, Beyfortus est remboursé par la sécurité sociale (1) et les mutuelles, nous avons le recul de deux saisons précédentes sans effets secondaires, il serait dommage de ne pas en faire profiter les nourrissons. » D’après la porte-parole de la SFP, « les pédiatres prescrivent sans aucune réserve, les généralistes moins ». La SFP incite donc les parents à solliciter leurs médecins ou pédiatre pour une prescription. L’administration peut se faire également auprès des sages-femmes, infirmiers et PMI.
Les pharmaciens ont un rôle à jouer auprès des jeunes parents : lorsqu’ils viennent chercher des articles pour bébé ou des vaccins, c’est « l’occasion de les informer sur l’épidémie de bronchiolite et la campagne d’immunisation pour les enfants de moins d’un an », souligne-t-elle. Lorsque l’injection est proposée aux parents, quelques jours après la naissance en maternité, le taux d’acceptation est « historique », souligne Christèle Gras-Le Guen : près de 80 %. « Il n’y a pas de raison qu’en ville ils ne soient pas demandeurs. »
(1) À 30 % par l’assurance-maladie ou intégralement pour les bénéficiaires de la C2S ou de l’AME.